Comment, ces jours-ci, ne pas évoquer le Traité budgétaire européen que notre gouvernement veut faire voter par le Parlement ? Certes, en mai dernier, nous étions nombreux à ne pas nourrir trop d’illusions sur François Hollande : que ferait-il de ses belles promesses et d’abord, celle de renégocier cet inquiétant Traité ?
Or, François Hollande a reculé totalement face à Merkel. Contrairement à ce qu’il affirme ainsi qu’Ayrault et ses ministres, il n’a quasiment rien obtenu. Bien entendu, notre nouveau gouvernement n’a pas envisagé un référendum permettant aux Français de donner leur avis : il est vrai que celui de 2005 n’a pas laissé, en haut lieu, de bons souvenirs… Ainsi, deux présidents de la République, l’un de droite, en 2007, en ne tenant pas compte des résultats d’un référendum, l’autre de gauche, en 2012, en reniant ses promesses électorales, aboutissent au même déni de démocratie.
Ne vous fiez pas aux économistes qui occupent les médias officiels et qui font leur boulot en vantant les « mérites » du traité ; cherchez plutôt le diagnostic des économistes marginalisés et groupés aujourd’hui sous le sigle d’ « économistes atterrés ». Citons entre autres Jean-Marie Harribey, Dominique Plihon, Jacques Généreux, Paul Jorion, Michel Husson, Christophe Ramaux et Thomas Coutrot, tous universitaires ou chercheurs ; mais vous n’entendrez jamais ces économistes sur les ondes. Parmi les politiques, en dehors des Verts, une voix s’est élevée au PS, celle de la courageuse Marie-Noëlle Lieneman, sénatrice, qui annonce qu’elle votera Non au Traité.
Plus significatif peut-être est l’avis de Paul Krugman, prix Nobel américain, qui rappelait ce que disait Keynes en 1937 : « Au Trésor, le bon moment pour l’austérité, c’est lors d’un boom, pas lors d’une récession. » Dans son dernier ouvrage, Sortez-nous de cette crise… maintenant !, il plaide pour une politique de relance. « Dans une économie profondément déprimée, quand les taux d’intérêt susceptibles d’être contrôlés par les autorités monétaires sont proches de zéro, il faut que l’État dépense davantage, pas moins », jusqu’à ce que le secteur privé « soit en mesure de reprendre son rôle de moteur de l’économie. »
Quant aux « économistes atterrés », dans un long communiqué que l’on trouve sur internet, ils démontrent l’absurdité d’un Traité budgétaire qui ne s’attaque pas aux causes de la crise puisqu’il ne touche pas à la financiarisation. La recherche du quasi-équilibre des finances publiques est un dogme des économistes libéraux qui oublient que les États-Unis, le Royaume Uni et le Japon ont, eux aussi, accumulé des déficits publics. Selon l’article 7 du Traité, la Commission européenne imposera des politiques budgétaires interdisant toute politique de soutien à l’activité.
Hollande et ses amis, pour réduire la dette publique, engagent la France dans une politique d’austérité catastrophique. A l’opposé des promesses du candidat Hollande. Le traité va nous installer dans la dépression économique et provoquer un accroissement du chômage. La Grèce démontre pourtant que l’application des plans d’austérité ne freine nullement l’accroissement de la dette publique en raison du ralentissement de l’économie.
N’en doutons pas, les électeurs, déçus, désorientés et furieux, sanctionneront les socialistes aux prochaines élections. Sans doute, la droite et le Front de gauche en profiteront mais, il y a tout lieu de craindre que le Front National sera le principal bénéficiaire de cette volte-face. Tout ce que nous voulions éviter.
Reste encore un test à venir : la promesse d’accorder le droit de vote aux immigrés aux élections locales que l’on attend depuis 1981. A voir.