Etre chrétien à Jérusalem

Je voudrais évoquer aujourd’hui le sort des prêtres et religieux à Jérusalem. En France, un graffiti antisémite sur une synagogue est, avec raison, dénoncé et répertorié. A Jérusalem, les insultes contre les prêtres et religieuses sont depuis longtemps devenues pratique courante au point que personne n’en parle. Mais, depuis quelques mois, l’on observe l’essor de ce phénomène inquiétant : les crachats distribués par des ultra-orthodoxes.

Dès octobre 2004, le quotidien israélien Haaretz lui avait consacré un long article et rapportait que, quelques jours plus tôt, un étudiant de yeshiva de 21 ans, avait craché en direction de la croix lors d’une procession près du Saint Sépulcre. Plus tard, un moine orthodoxe qui était en voiture a vu un juif avec barbe et chapeau frapper sur son pare-brise : il a descendu sa vitre et reçu alors un crachat en pleine figure. En 2010, le dominicain Jean-Baptiste Humbert, directeur de recherche à l’École biblique et archéologique de Jérusalem, fut témoin de l’agression d’un jeune religieux catholique , venu à Jérusalem pour étudier l’hébreu et le judaïsme !  Il  l’a vu  subir les crachats de tout un groupe de jeunes juifs religieux. Il l’accompagna au poste de police pour porter plainte mais l’attitude des deux officiers de police fut tellement odieuse qu’ils y renoncèrent…

Le professeur Israël Shakak avait expliqué, il y a des années, que « le fait de déshonorer les symboles religieux chrétiens était un devoir religieux ancestral dans le judaïsme ». Apparemment, pour les juifs les plus pratiquants, cracher sur les croix ou par terre en passant devant les églises est enseigné aujourd’hui encore. Mais quand le dominicain Jean-Baptiste Humbert en a témoigné, le 23 décembre 2010, sur les ondes de France-Inter et  a expliqué que, pour les juifs, « le chrétien est impur », quel tollé ! Le verdict tomba aussitôt : antisémite et la Ligue de Défense Juive (LDJ) exigea des excuses et un droit de réponse à France-Inter. Le refus suscita, le 8 janvier au soir, une opération d’une trentaine de membres de la LDJ qui occupa les locaux de Radio-France et s’empara des micros de France-Inter pour rectifier l’information à sa manière. Aucune arrestation ne fut effectuée. Auparavant, le 27 décembre, au micro de la Radio communautaire Juive (RCJ), Clément Weill-Raynal, journaliste de France-Télévision, intitulait un papier « Quand France-Inter « crache » sur les Juifs à la veille de Noël ». Il écrivait : « Vérification faite, il s’agit d’une vieille histoire qui, si elle a jamais existé, date de plusieurs années. En tout état de cause et à ma connaissance, aucun incident de ce type n’a été signalé ces derniers temps dans la Ville Sainte. »

Mais revenons à Jérusalem où, ces mois derniers, les choses se sont encore aggravées. En septembre, des extrémistes ont incendié la porte du monastère de Latroun avec, de surcroît, des graffitis injurieux pour les chrétiens. Puis, le 2 octobre, sur la porte du monastère franciscain du Mont de Sion, près du Cénacle, on trouve écrit : « Jésus, fils de p… ». Les évêques de Terre Sainte protestèrent auprès des autorités israéliennes qui, d’ailleurs, condamnèrent ces actions. On attend les arrestations ; elles ne devraient pas être difficiles puisque ces deux actes étaient signés : « Le prix à payer ». Il s’agit d’une organisation clandestine composée notamment de membres de la colonie sauvage de Migron qui se vengent de la décision de la Cour Suprême d’Israël, prise il y a dix ans, et enfin appliquée, d’évacuer les colons de ce lieu.

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