La sexualité, une affaire d’Église ?

 

De la contraception à l’homosexualité

Tel est le titre du dernier livre que je viens de publier aux éditions Karthala. En fait, j’avais proposé, en 2008, une étude sur l’affaire Humanae vitae pour le 40ème anniversaire de l’encyclique qui avait condamné la contraception. On pouvait s’interroger : la hiérarchie catholique a-t-elle peur de la sexualité ? Mais il est aujourd’hui urgent de se poser une autre question : l’Église a-t-elle reçu du Christ la mission de dicter une morale sexuelle aux chrétiens ? Et, de surcroît, par le biais de la « loi naturelle » dont elle prétend être la gardienne, a-t-elle en droit de condamner des comportements sexuels à tous, quelles soient leurs convictions ? On ne peut que constater, avec le combat mené par des épiscopats des États-Unis à Paris, sans oublier l’Argentine de Bergoglio, l’acharnement mis par tous ces évêques contre les lois libéralisant l’avortement et le mariage gay. Plus rien d’autre ne compte à leurs yeux.

On sait qu’Humanae vitae a provoqué le départ de nombre de catholique, en particulier des femmes et parfois même aussi de prêtres. On sait moins qu’elle a été suivie par des déclarations des épiscopats du monde entier, certains, comme en France, l’interprétant pour en atténuer la portée.

Cette encyclique est une réaffirmation de la morale sexuelle traditionnelle fondée sur la loi naturelle. Entraînant toutes les conséquences que nous connaissons. Mais elle représente plus que cela : un véritable tournant dans l’histoire de l’Église contemporaine après la très courte période d’ouverture au monde initiée par Jean XXIII et poursuivie par le concile Vatican II.

Le magistère romain a fait d’Humanae vitae le point de départ d’une reconquête de son autorité sur l’Église tout entière. En imposant son enseignement, Paul VI, puis Jean-Paul II et Benoît XVI ont entrepris de mettre au pas les épiscopats comme les théologiens. Ils n’ont fait qu’accentuer le fossé qui sépare l’Église de la société moderne.

Au moment où une rupture de pontificat révèle l’échec d’une « politique » romaine autoritaire et le déclin de l’Église catholique, il faut bien constater que le sexe ne cesse de constituer un terrain majeur de l’affirmation catholique traditionnelle.

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